Les mythes évoquent toujours des temps anciens… qui n’ont jamais existé sous cette forme. Ainsi la nostalgie de la Mini originelle de 1959 ne correspond-elle à aucune réalité vécue à l’époque. Certes, la micro-anglaise était agile, offrait une habitabilité géante par rapport à l’encombrement, se garait dans un mouchoir et tenait la route d’une façon exceptionnelle pour l’époque. Mais on a oublié son inconfort caricatural, sa position de conduite bizarre et sa fiabilité calamiteuse – comme l’ensemble des voitures « British » – tout au long de sa carrière…
Le temps a toutefois effacé les mauvais souvenirs. Et la Mini fait rêver. Comme la Fiat 500. Voici donc la quatrième génération de la citadine anglaise, qui a bien grandi puisqu’elle mesure désormais 3,82 mètres de long (20 centimètres de plus que la Twingo III de Renault). Commercialisée depuis mars, elle sera même déclinée pour la première fois en version à cinq portes début 2015. Moyennant quatorze centimètres supplémentaires. Mini ? Plus tant que ça.
Une esthétique réussie
Si, visuellement, la nouvelle venue arbore une bouille rappelant immanquablement l’ancêtre née Austin Mini et Morris Minor sous l’égide de feu le conglomérat BMC (British Motor Corporation), elle n’en inaugure pas moins une toute nouvelle plate-forme, laquelle sera partagée prochainement par le monospace Série 2 Active Tourer de la maison-mère BMW. Une nouvelle génération de moteurs modulables est aussi au programme. Des modules qui permettent de faire des trois, quatre et à l’avenir six et huit cylindres pour BMW par la simple multiplication des cylindres (500 centimètres-cubes chacun). Ultra-moderne donc, cette pseudo-ancienne !
Bien qu’un peu encombrante à l’avant pour répondre aux « crash tests », la Mini IV est esthétiquement réussie, reconnaissable entre mille. Bravo. Même si on a du mal à la distinguer de la Mini II ou III. Même design abouti et évocateur à l’intérieur, où la voiture réalise la prouesse de conjuguer le cadran rond central, les boutons-poussoirs, le pare-brise vertical de l’ancêtre, avec le dernier cri de la technologie. Un peu trop « high tech » même, tant les menus et sous-menus caricaturaux sont complexes et pas du tout intuitifs. Quant aux éclairages genre boîte de nuit, ils sont clinquants et finissent par perturber la conduite.
Position de conduite perfectible
Si, en apparence, l’habitacle séduit, on sera beaucoup moins enthousiastes pour la finition, pas du tout comparable à celle d’une BMW. Elle a bien progressé certes, mais certains plastiques bas de gamme détonnent à ce tarif. Le combiné compteur-compte-tours fait toc. Et les claquements du toit en position ouverte sur chaussée inégale irritent.
Mais, le plus critiquable dans cet intérieur reste la position de conduite. Parfait pour ceux qui ont des longues jambes et conduisent assis par terre. Les autres pesteront contre une assise trop longue et relevée sous les genoux, avec les sièges « sport » enveloppants en cuir optionnels de notre véhicule de test. On est soit trop loin des pédales, soit trop près du volant. Et, s’ils maintiennent bien le dos, ces sièges entravent l’accessibilité à bord, qui devient problématique.
Moteur trois cylindres rugueux mais vif
La Mini Cooper à essence de notre essai affiche trois cylindres développant 136 chevaux. La Cooper S à quatre cylindres en affiche 192 et la Cooper diesel reçoit un trois cylindres de 116. Le nouveau moteur de la Cooper est réussi… pour un trois cylindres. Et il est assez sobre. Nous avons avalé 7,5 litres aux cents en ville, avec beaucoup d »embouteillages. Correct pour une voiture à essence.
Mais, on retrouve la rugosité typique de ces mécaniques intrinsèquement instables et déséquilibrées. Il faut doser embrayage et accélérateur pour démarrer proprement. Et la montée des rapports, si l’on procède trop vite, génère de petits à -coups. Pour une voiture urbaine, ça manque de fluidité… comme tous ces satanés trois cylindres que l’on nous vante pour leur sobriété. La mécanique est aussi bruyante, même si la sonorité n’est pas désagréable.
En revanche, sitôt que l’on s’extraie des encombrements, on apprécie les belles accélérations rageuses avec de rapides montées dans les tours. Un tempérament sportif agréable, sur route dégagée seulement. Les dernier rapports, trop longs, obligent en revanche à rétrograder au moindre ralentissement sur autoroute. Une inconnue : ce moteur inédit hyper-sophistiqué a évidemment tout à prouver sur le plan de la fiabilité et la longévité… Ah oui, signalons un défaut irritant : on confond trop facilement… première et marche arrière ! Et l’embrayage à longue course se révèle ferme. Comme sur les BMW.
Excellent comportement
La tenue de route est un point fort de la voiture. Agile, maniable, sachant changer d’appuis sur un bitume dégradé sans s’emmêler les roues, elle offre un bel agrément, avec une solide marge de sécurité. Mais c’est au prix d’un inconfort moins flagrant que par le passé, mais qui, hélas, demeure. La monte pneumatique avec des flancs bas (45R17) n’arrange rien. Ca tressaute dès que la chaussée n’est plus parfaitement lisse, c’est-à -dire la plupart du temps en ville. Fatiguant – et bruyant – à la longue.
Une Mini, c’est cher. La gamme démarre à 17.150 euros. La Cooper de 136 chevaux est proposée à partir de 19.950 euros. Mais, pour avoir une voiture un peu raffinée et personnalisée, les options pleuvent. Pour échapper à la sellerie noire en tissu rêche, c’est 970 euros (bords de sièges en cuir). Pour du vrai cuir, c’est 1.800 ou 2.000 euros selon le type choisi. Tout est quasiment facturé en plus, même le cendrier à 40 euros…
Un véritable succès
Après 5.3 millions d’exemplaires de la première Mini entre 1959 et 2000, vendue sous divers labels (Austin, Morris, Wolseley, Riley, Van den Plas, puis Mini), BMW est parti d’une feuille blanche avec une gamme de véhicules au style « rétro » inspirés de la célèbre devancière, mais modernes et enfin fiables. Ayant repris les droits sur la marque, BMW est parvenu à relancer en 2001 un label « glamour » à souhait. A l’aide d’un marketing positionnant les produits en haut de gamme – par rapport au gabarit.
Et ça marche, snobisme aidant ! A tel point que l’usine d’Oxford est saturée. Et BMW va devoir fabriquer des voitures additionnelles aux Pays-Bas. Nul doute que, avec cette Mini IV bien dans la continuité, le groupe germanique continuera sur la voie du succès. Avec de belles marges ! Logique, vu le prix de vente des voitures avec quelques options.
Modèle d’essai : Mini Cooper : 19.950 eurosPuissance du moteur : 136 chevaux (essence)
Dimensions: 3,83 mètres (long) x 1,73 (large) x 1,42 (large)
Qualités : esthétique « rétro » réussie, intérieur original et plein de charme, belle agilité, tenue de route amusante et sûre, moteur vivant et assez sobre…
Défauts : … mais très rugueux, boîte parfois imprécise, inconfort, position de conduite médiocre, finition inégale, ordinateur complexe, prix élevé
Concurrentes : Fiat Abarth 500 1,4 T-Jet : 18.150 euros ; Citroën DS3 VTi 120 Be Chic : 18.700 euros ; Audi A1 1,4 TFSi Attraction : 19.670 euros
Note : 11,5 sur 20
Autres vidéos de la Mini : Performance | Technologies | Efficience
Source : La Tribune; Vidéo : Car ans Driver