BMW X4 : Un « 4×4-coupé » robuste et raffiné.

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Le X4 se veut une étrange synthèse entre un 4×4 et un coupé. Paradoxal. Mais cet engin luxueux, très sûr, doté d’une nouvelle mécanique modulaire très sobre, vous donnera bien du plaisir de conduite. Attention : c’est très cher.

BMW X4 un « 4x4-coupé » Raffine et robuste | La Tribune

BMW X4 un « 4×4-coupé » Raffine et robuste | La Tribune

Les riches acheteurs de voitures haut de gamme se lassent vite. Le « SUV » ? Trop galvaudé. Le coupé ? Trop étriqué, pas assez habitable. Alors ? BMW ose le « SUV-coupé » ! Après le grand X6 en 2008, la firme bavaroise propose le X4 plus compact, un bizarre croisement de 4×4 X3 avec un arrière de coupé Série 4. Résultat : un engin bizarre, à la fois massif et agressif, plus dynamique qu’un « SUV » classique. Beau ? On ne peut pas dire. Mais insolite et reconnaissable. D’ailleurs, Mercedes s’apprête à copier la recette.

Un cocon luxueux et raffiné

Un peu plus bas de 4 centimètres qu’un X3, avec une garde au toit réduite pour les passagers arrière du fait de l’arrière pentu, le X4 ressemble à l’intérieur comme deux gouttes d’eau au X3, avec la même planche de bord. Un univers feutré, chaleureux avec le beau cuir brun et les placages en bois de notre modèle de test, très bien fini, solide, qui respire le luxe. Ca, c’est du haut de gamme ! L’habitabilité apparaît aussi généreuse que celle du X3, mais il s’agit ici essentiellement d’une quatre places vu la forme de la banquette arrière. Le coffre géométrique demeure logeable, même s’il est amputé de 10% de son volume. Le hayon est électrique. En revanche, la visibilité de trois-quarts arrière est… catastrophique. On n’y voit rien, entre la petite vitre arrière très inclinée et les épais panneaux de tôle.

La position de conduite est excellente (avec la boîte auto), moins avec la transmission manuelle qui oblige à trop se rapprocher du volant. L’accoudoir, bien que correctement placé, aurait toutefois mérité quelques réglages en hauteur. Côté ergonomie des commandes, si le système audio (excellent) et la climatisation – avec une position recyclage interne de l’air automatique qui ne vous dispense pas de respirer parfois les pots d’échappement de l’extérieur ! – sont ajustables avec de simples boutons bien repérables, l’écran avec la molette centrale, qui pilote menus et sous-menus, reste compliqué. L’affichage de vitesse tête haute arbore des chiffres un peu petits.

Mécanique très plaisante et sobre

Pour notre essai, nous avions hérité du tout nouveau quatre cylindres diesel modulaire de deux litres de cylindrée. Il partage l’architecture avec les derniers trois cylindres de la firme munichoise. Mais il y a ici un cylindre de plus. Sur cette même base, il y aura des six et huit cylindres. 190 chevaux sont au programme, combinés au choix avec une boîte mécanique ou automatique à huit vitesses moyennant 2.360 euros de plus. Un investissement supplémentaire recommandable. On évitera ainsi la trop longue course de la pédale d’embrayage – une (mauvaise) habitude de BMW.

Souple et extrêmement vif, ce moteur est un régal. BMW mérite sa réputation de motoriste. La transmission automatique d’origine ZF est aussi réussie. On lui reprochera toutefois, même en position « S », de rechigner un peu à rétrograder. Mais, parallèlement aux modes « D » et « S », on peut aussi jouer sur une commande supplémentaire « Confort », « Sport », voire « Sport Plus » qui agit elle aussi sur la réactivité de la boîte, mais également sur la dureté de la direction et les réglages de suspension. Sur itinéraire sinueux, on vous conseille de mettre en « Sport ». Dommage : à chaque redémarrage, le système se remet d’office en position « Confort » et il faut refaire les choix …

Lors de notre essai, effectué pour une bonne part sur des routes de montagne, nous avons carrément utilisé la boîte auto en mode… manuel, d’une époustouflante rapidité. Les montées et descentes de vitesses affichent d’ailleurs une formidable précision. Agrément garanti.

Cet ensemble mécanique est d’autant plus remarquable que les consommations sont fort intéressantes. 8,8 litres de gazole aux cents à peine en roulant à fond sur des routes de montagne totalement désertes, c’est une vraie prouesse. Preuve de cette sobriété, ce « SUV » de 1,75 tonne émet à peine plus de 130 grammes de CO2 – les rejets étant corrélés aux consommations. Ce qui rend son conducteur passible d’une surtaxe (malus) de 150 euros seulement. Pour un pareil véhicule, c’est très peu. A noter que la version à boîte auto consomme moins que celle dotée d’une transmission manuelle.

Qualités routières remarquables

Les qualités routières sont évidentes. La voiture est docile et précise. Sur un véhicule aussi haut, au centre de gravité élevé, la tenue de cap impressionne, aussi bien à haute vitesse en ligne droite que dans les virages. Quelques centaines de kilomètres a virevolter dans le Pays baque espagnol nous ont convaincus de l’incroyable précision, voire agilité, de cet engin. Ca accroche dans les enchaînement de virages – en position « Sport » – sans qu’on ait jamais l’impression d’arriver au bout des possibilités de la voiture. Loin de là. La direction est juste calibrée comme il faut. Piloter le X4 a été un vrai plaisir. Tous les X4 sont équipés des quatre roues motrices. On peut donc s’en servir aussi comme d’un 4×4, à condition de ne pas affronter des chemins trop creux ou humides, car les pneus sont surtout à vocation routière. Signalons également un freinage efficace pour compléter un tableau flatteur.

Le confort est du genre ferme, avec des roues de 18 pouces avec des pneus à flancs semi-bas (50R18) anti-crevaison, ou plutôt permettant de rouler à plat pendant plusieurs dizaines de kilomètres. Ces pneus sont plus durs et gare au coût du remplacement ! Vu la vocation sportive de ce drôle d’engin, le résultat en matière de confort est cependant correct. Sur les inégalités, petites mais profondes, les secousses apparaissent sèches. Mais la position de conduite haute permet de minimiser les nuisances, car… on est plus loin du sol.

Tarif encore plus salé

Terminons ce bilan très flatteur par ce qui fâche : la tarification. Un X4, fabriqué aux Etats-Unis, vaut 1.500 à 2.000 euros de plus qu’un X3, selon les versions, même si, à équipement égal, BMW affirme que le différentiel descend à 700-800 euros. Car le X4 ne prévoit pas de versions de base et il est plus équipé. Le tarif démarre à 49.800 euros (52.160 avec la boîte auto) en une version Lounge Plus très, très complète avec phares bi-xénon, l’intérieur cuir, l’ hayon électrique, l’ démarrage sans clé, la navigation multimédia.

La X Line de notre essai ajoute les grandes jantes de 18 pouces (17 en Lounge Plus), des pneus à roulage à plat, des sièges électriques. Pas sûr que ça mérite 4.750 euros supplémentaires. Tout cela est très cher. Mais vous aurez un luxueux véhicule exclusif, que l’on remarque, fort plaisant à conduire, précis et qui… se revendra bien.

  • Modèle d’essai : BMW X4 X Drive 2,0d bva8 X Line : 56.910 euros (+150 de malus)
  • Puissance du moteur : 190 ch. (diesel)
  • Dimensions : 4,67 mètres (long) x 1,88 (large) x 1,62 (haut)
  • Qualités : intérieur raffiné, belle qualité de fabrication, ensemble mécanique très plaisant et sobre, comportement routier remarquable, agrément général de conduite, freinage efficace
  • Défauts : visibilité catastrophique de ¾ arrière, garde au toit à l’arrière insuffisante, réglages parfois complexes, pneus fermes, confort sec, tarif salé
  • Concurrentes : Audi Q5 2,0 TDi 190 Quattro S Tronic Ambition Luxe : 50.200 euros ; Volvo XC 60 D5 AWD Geartronic R Design : 50.670 euros ; Mercedes GLK 250 Bluetec 4 Matic Fascination Pack multimedia : 59.800 euros
  • Note : 16 / 20

Source : Alain-Gabriel Verdevoyer, La Tribune